Je ne me souviens que peu des autres... Il y en avait un de Verlaine je crois quant à l'autre? J'ignore si je m'en souviendrai un jour.
Mais il y avait celui-là :
Un poème que j'ai choisi uniquement parce qu'il me transportait en Bretagne, dans ma Bretagne que j'aimais déjà tant. Parce que chacun des mots que je lisais m'évoquait, une image, un son, une odeur de là-bas. Oui, il me suffisait de fermer les yeux pour voir le soleil descendre doucement vers la mer et s'y enfoncé comme quand on rentre dans un lit moelleux mais trop froid, ce vieux lit aux draps de lin qu'il y avait chez ma Grand-Mère. Je revoyais l'exacte lumière de ce moment où le soleil couchant colore tout d'or et de feu, ce moment où même le ciel, la mer et le reste du monde s'habillent aux couleurs de l'astre solaire. Il me suffisait de fermer les yeux pour entendre la lointaine rumeur du vent assoupi, pour sentir son souffle devenu plus froid caresser ma joue et me faire frémir. Et je restais là, les yeux clos essayant d'entendre les cris des oiseaux marins et le ressac de la mer, jusqu'à sentir jusqu'à son odeur d'iode et de sel et le parfum de la lande couverte de bruyère et d'ajonc... Jusqu'à y être vraiment.
Peut-être est-ce à ce moment là que j'ai compris le pouvoir des mots et la force de la poésie. Celle qui permet d'être transporter ailleurs en un instant, celle de donner vie aux émotions, celle de transcender le quotidien et d'immortaliser l'éphémère...
Mais il y avait celui-là :
Soleil couchant
Les ajoncs éclatants, parure du granit,
Dorent l'âpre sommet que le couchant allume;
Au loin, brillante encor par sa barre d'écume,
La mer sans fin commence où la terre finit.
A mes pieds, c'est la nuit, le silence. Le nid
Se tait, l'homme est rentré sous le chaume qui fume;
Seul, l'Angélus du soir, ébranlé dans la brume,
A la vaste rumeur de l'Océan s'unit.
Alors, comme du fond d'un abîme, des traînes,
Des landes, des ravins, montent des voix lointaines
De pâtres attardés ramenant le bétail.
L'horizon tout entier s'enveloppe dans l'ombre,
Et le soleil mourant, sur un ciel riche et sombre,
Ferme les branches d'or de son rouge éventail.
Les ajoncs éclatants, parure du granit,
Dorent l'âpre sommet que le couchant allume;
Au loin, brillante encor par sa barre d'écume,
La mer sans fin commence où la terre finit.
A mes pieds, c'est la nuit, le silence. Le nid
Se tait, l'homme est rentré sous le chaume qui fume;
Seul, l'Angélus du soir, ébranlé dans la brume,
A la vaste rumeur de l'Océan s'unit.
Alors, comme du fond d'un abîme, des traînes,
Des landes, des ravins, montent des voix lointaines
De pâtres attardés ramenant le bétail.
L'horizon tout entier s'enveloppe dans l'ombre,
Et le soleil mourant, sur un ciel riche et sombre,
Ferme les branches d'or de son rouge éventail.
José-Maria de Hérédia.
Un poème que j'ai choisi uniquement parce qu'il me transportait en Bretagne, dans ma Bretagne que j'aimais déjà tant. Parce que chacun des mots que je lisais m'évoquait, une image, un son, une odeur de là-bas. Oui, il me suffisait de fermer les yeux pour voir le soleil descendre doucement vers la mer et s'y enfoncé comme quand on rentre dans un lit moelleux mais trop froid, ce vieux lit aux draps de lin qu'il y avait chez ma Grand-Mère. Je revoyais l'exacte lumière de ce moment où le soleil couchant colore tout d'or et de feu, ce moment où même le ciel, la mer et le reste du monde s'habillent aux couleurs de l'astre solaire. Il me suffisait de fermer les yeux pour entendre la lointaine rumeur du vent assoupi, pour sentir son souffle devenu plus froid caresser ma joue et me faire frémir. Et je restais là, les yeux clos essayant d'entendre les cris des oiseaux marins et le ressac de la mer, jusqu'à sentir jusqu'à son odeur d'iode et de sel et le parfum de la lande couverte de bruyère et d'ajonc... Jusqu'à y être vraiment.
Peut-être est-ce à ce moment là que j'ai compris le pouvoir des mots et la force de la poésie. Celle qui permet d'être transporter ailleurs en un instant, celle de donner vie aux émotions, celle de transcender le quotidien et d'immortaliser l'éphémère...
1 commentaire:
Ah! Le soleil couchant... ses couleurs flamboyantes... les odeurs qui l'accompagnent... les sons qui le rythment... je le voyais plutôt se dérober derrière la Colline Saint Jean, et les chênes verts apparaissaient alors en ombres chinoises.
Oui, la poésie est mouvement, mais en même temps c'est un instantané de soi, une émotion "cristallisée".
Il faudra que tu nous raconte un jour le coucher de soleil vu du large, avec quelques belles images à l'appui...
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